Call for Papers: Acheter à manger au village

  • 2019-04-03T11:37:00+02:00

RHN 42/2019 | Call

Organisers: Université Clermont-Auvergne (UCA) –Le Centre d’Histoire “Espaces & Cultures” (CHEC)

20 November 2019, Clermont-Ferrand, France

Deadline for submissions: 1 June 2019

Call for Papers:
Journée d’étude
Acheter à manger au village
Pratiques et circuits de l’achat alimentaire populaire
France, XVIII
e-XXe siècles

 

Dans Combats pour l’histoire (1952), Lucien Febvre aborde la question de l’alimentation par un biais original à l’époque, celui de l’opposition diachronique et synchronique entre des populations « surnourries » et d’autres « perpétuellement sous-alimentées ». À sa suite, et avec des déploiements d’une richesse marquée ayant donné naissance à un courant historiographique affirmé, les historiens de l’alimentation ont régulièrement appréhendé la question alimentaire à travers un prisme antagoniste : nourriture des classes aisées, nourriture des classes défavorisées. De fait, la consommation alimentaire routinière, quotidienne, celle des Français moyens (avec toutes les difficultés que ce genre de catégorisation implique), hors fastes ou périodes de pénurie, est assez peu étudiée et mal connue sur le temps long.

Par ailleurs, cette histoire de l’alimentation s’est essentiellement concentrée sur les questions de pratiques de consommation, des circuits de distribution ou de transferts culturels, cette dernière thématique donnant lieu à de nombreuses publications foisonnantes et fort utiles ces dernières années, à l’exemple des travaux menés par le programme TERESMA à Bordeaux, par le Festival d’histoire de Montbrison en 2016 ou depuis le début des années 2000 par l’IEHCA à Tours.

L’objectif de cette journée d’étude est de venir compléter les avancées de la recherche en histoire de l’alimentation depuis une vingtaine d’années par une double focale. La première, spatiale, porte sur les zones rurales comme lieux spécifiques de consommation. Les campagnes sont souvent perçues avant tout comme un lieu de production et d’autoconsommation. Or il existe, dès le Moyen Âge, des courants commerciaux alimentaires dans les zones rurales et, à cet égard, et pour une période plus proche de nous, le village (à prendre dans sa dimension statistique, mais également symbolique) apparaît comme un outil d’observation particulièrement pertinent pour percevoir, apprécier et interpréter ces courants sur la longue durée.

La seconde focale, centrale dans nos intentions de compréhension du phénomène alimentaire étudié ici, porte sur l’acte même d’achat. Il s’agit de repérer les logiques de consommation des produits alimentaires non pas au moment de manger, mais en amont, au moment d’acheter ces marchandises. Ici, le questionnement est multiple : qui achète ? qui vend ? quels produits ? sous quelles formes ? selon quelle temporalité et quelle périodicité ? sous l’influence de quels facteurs ? Le coeur de la réflexion et de l’interrogation ici est de partir de l’acte d’achat et non pas de l’acte de vente comme c’est habituellement le cas, puis d’en dérouler les processus amont et aval pour concevoir cet acte d’achat comme un phénomène global. Ici, la focale sera donc plus particulièrement portée sur le consommateur, ses motivations, ses logiques et les mécanismes qui les induisent.

Dans cette double optique, les propositions de communication pourront tourner autour de trois problématiques principales (mais qui ne sont pas exclusives et s’entrecoupent) :

  • Les pratiques d’achat et leurs mécanismes dans les villages. Il s’agit ici de comprendre ce qui motive les actes d’achat, comment ils se déroulent, selon quels rythmes, dans quels cadres, avec quelles logiques comptables. Une réflexion pourra porter sur la notion d’achat elle-même, ainsi que sur la notion de culture matérielle en lien avec ces pratiques. Dans le même esprit, les relations entre clients et vendeurs pourront être plus précisément scrutées, sur le plus ou moins long terme.
  • Les structures d’achat dans les villages. Ici, l’accent sera porté sur les lieux d’achat, vus du côté du consommateur. Cela pourra comprendre les logiques et facteurs de déplacement des consommateurs vers un lieu d’achat, mais également toutes les stratégies mises en oeuvre par les vendeurs pour attirer, satisfaire. Ici encore, une réflexion épistémologique pourra être menée sur le concept de consommateur. Une attention particulière pourra également être portée sur les modalités d’achat (crédit, argent comptant et troc) et les pratiques qui y sont liées chez le vendeur (tenues de comptes familiaux, individuels, etc.).
  • Les périodes de tension au village. Il s’agira ici de saisir les ruptures, les brisures et les inflexions des logiques et dynamiques d’achat en période de tensions. Ces tensions peuvent être de plusieurs ordres : politiques, sanitaires, militaires, sociales, etc. Il s’agira de comprendre comment les habitants des villages ou ceux qui viennent s’y approvisionner réagissent face à une période de crise et de difficulté dans l’approvisionnement. En négatif, l’interrogation sur les périodes de tension renvoie à la notion de routine qui pourra elle aussi faire l’objet d’un questionnement spécifique.

Les propositions peuvent porter sur le temps long ou sur un épisode/une période en particulier, sur un espace vaste/national/régional ou un village/un commerce plus précisément. Les propositions des jeunes chercheurs, ainsi que celles de chercheurs en sciences sociales autres qu’historiens seront étudiées avec grand intérêt. Enfin, les propositions étrangères, apportant un contre-point utile, sont également les bienvenues.

Ces propositions, de 10 à 15 lignes, comprenant également un titre et une courte présentation biographique, seront à renvoyer avant le 1er juin 2019 à stephane.lebras[at]uca.fr.

Les frais de déplacement et d’hébergement de cette journée d’étude, financée par le CHEC et la Fondation Nestlé pour l’alimentation (dans le cadre d’un programme de recherche sur l’achat alimentaire populaire à l’époque contemporaine), seront en partie ou totalement pris en charge.

Une publication collective, dans une revue probablement, est prévue à la suite de cette journée d’étude.

Comité scientifique :
Stéphane Le Bras (UCA)
Patrick Fournier (UCA)
Corinne Marache (U. Bordeaux-Montaigne)
Emmanuelle Cronier (U. Amiens)
Benoît Musset (U. Le Mans)
Martin Bruegel (INRA)
Vincent Flauraud (UCA)